Par le passé je me suis parfois demandé s’il arrivait qu’un guide soit contraint de dire à son client « désolé, nous devons arrêter la course, je suis trop fatigué pour continuer. »
Pure curiosité de ma part ! A titre personnel je dois bien avouer ne jamais avoir contraint un guide à me dire « stop, tu vas trop vite ! » Mais bon, cela ne fait que 25 ans à peine que je pratique la montagne avec un guide. Tout peut encore arriver… (Attention, j’ai le nom de ceux qui rigolent)
Au final, au gré de mes lectures, j’ai recensé 2 guides faisant état, d’un jour s’être retrouvés dans cette situation. Lionel Terray et Gaston Rébuffat … Excusez du peu !
Dans son livre « Les conquérants de l’inutile » Terray fait en effet référence à une escalade au Drus où il se senti près de devoir dire stop à son client. Au final c’est son client qui, épuisé, demandera à Terray de faire demi-tour avant d’arriver au sommet. Ouf !!!
Toujours concernant Terray, nous avons déniché une vidéo sur l'interview d'une cliente de Terray qui mérite le détour.
Le récit de Rébuffat mérite que l’on détaille un peu car l’histoire n’est pas décrite sans une certaine note d’humour.
Le Suédois
Un jour de 1947 un Suédois demande à Rébuffat de l’emmener à skis au col du Géant. Rébuffat lui suggère alors de faire aussi la dent du Géant. Le client acquiesce. Ils montent dormir au refuge du Requin et de là en pleine nuit partent faire la course. Ils vont au pied de la dent, la gravissent et font une pause de quelques minutes. Plutôt que de rentrer à skis au Requin directement, Gaston propose au client d’aller au col des Flambeaux ! Ben voyons !
Gaston raconte : Il continuait à faire très beau et mon client « marchait » bien. Nous avons fait le tour par le col des Flambeaux. Nous sommes allés également au col d’Entrèves. Nous sommes remontés par le col des Rognons et vers le col du Midi, puis nous sommes descendus enfin sur le refuge du Requin. Le temps était vraiment très clair, très pur, et tout allait bien : nous sommes restés au soleil, sur la terrasse du refuge. Soudain, j’ai regardé l’heure. Or, à cette époque-là, c’était en début de saison et peu après la guerre, il n’y avait que quatre ou cinq trains durant toute la journée pour descendre du Montenvers à Chamonix ; pour attraper le dernier il ne nous restait plus que trois quart d’heure. Je l’ai expliqué à Ernst en ajoutant : « Il va falloir courir ! »
Alors nous nous sommes préparés, puis il s’est mis à courir. Mais il a couru si vite que, moi… j’étais derrière lui. J’avais peine à le suivre. Pour aller de la mer de Glace à la gare du Montenvers, il y a une montée un peu raide : Ernst était à mi pente, tandis que moi j’étais encore en bas de la pente ! Le train siffla ; nous l’avons raté de très peu. Il eût été bien drôle, tout de même, que Ernst soit lui à la gare et moi à mi pente, et qu’il dise au chef de gare : « Attendez, je vous prie, pour faire partir votre train : mon guide arrive ! »
Sacré Gaston !
En l’occurrence il ne s’agit pas là d’un guide épuisé par son activité mais d’un client qui « marchait bien ».
Quelques jours plus tard Ernst demandera à Rébuffat de l’emmener faire le mont Blanc. Ils feront refuge des Grands-Mulets au sommet en trois heures et quart ! Ernst souhaite revenir l’année suivante faire des raids à skis avec des amis. Rébuffat dit : « S’ils marchent bien, pourquoi pas ? »
Ernst répond : « Oh ! Pour ça, rassurez-vous : c’est moi qui suis le moins fort de tous ! Ce sont tous des coureurs de fond !... »
Frédéric Cloche
Gaston Rébuffat : La montagne est mon domaine chez Hoëbeke
Lionel Terray : Les conquérants de l’inutile chez Guérin
Standard / répondeur
+33 483 43 40 11
Voir les Guides Alta-Via
Association immatriculée au registre des opérateurs de voyages et de séjours ATOUT FRANCE IM074140013
RCP MAIF Avenue Salvador Allende 79000 Niort
Garantie financière contrat n° 4000713247/0 Groupama 93199 Noisy-Le-Grand Cedex
APE 9499Z
SIRET 50314751400015
TVA Intracommunautaire FR43503147514
La Charte Alta-Via | Conditions de vente | Droits essentiels