Le mont Rose est le deuxième sommet des Alpes par l’altitude (4634 mètres). Plus qu’une montagne bien individualisée c’est plutôt une arête globalement orientée nord-sud, longue de plus de cinq kilomètres et pourvue d’une dizaine de sommets distincts. Distincts oui mais pas comme Giscard ! Oui je sais, peut mieux faire on dirait si j’étais à l’école.
Frontière entre la Suisse et l’Italie c’est de ce dernier pays que partirent les premières explorations. Des habitants de Gressoney dans le val d’Aoste sous la conduite de Nicolas Vincent, inspecteur des mines d’or, atteignirent en 1779 le col du Lys ou Lisjoch (4153 mètres). Ils purent constater que la vallée visible de l’autre côté de ce col était déjà habitée (Zermatt).
L’Illustre Saussure vint aussi visiter le Mont Rose une dizaine d’années plus tard dans le but d’en mesurer l’altitude. Le Mont Rose en effet pouvait être considéré comme un rival au Mont Blanc. Il s’établit à Macugnaga et gravit le Pizzo Bianco pour effectuer ses mesures. Nous lui pardonnerons de s’être à cette occasion trompé deux fois et dans le choix du sommet et de son altitude. Il prit la mesure de la pointe Zumstein au lieu de la pointe Dufour et lui attribua une altitude de 4730 mètres soit une centaine de mètres plus haut que le véritable sommet. Un autre savant naturaliste, Jean-André Deluc qui gravit lui le Buet en 1770 attribua lui par contre une altitude au Mont Blanc inférieure à 4700 mètres. Pendant quelques années le mont Rose fut considéré comme le plus haut sommet des Alpes. NDR : Ces deux savants étaient Suisses je le rappelle ! Comment ? Moi j’ai dis que… ? Non, non c’est un hasard c’est tout.
Les autres pointes tombent ensuite. 1801 un médecin d’Alagna, Pietro Giordani gravit la pointe la plus méridionale du Mont Rose et qui porte son nom. Punta Giordani 4046 mètres. 1819 Jean Nicolas Vincent fils de Nicolas gravit la pyramide qui porte aussi son nom. Pyramide Vincent 4215 mètres. 1820 un jeune inspecteur des forêts à Gressoney, Joseph Zumstein gravit la pointe comment ? La pointe Zumstein bien sûr, 4563mètres. 1842 le curé d’Alagna, Giovanni Gnifetti gravit la pointe qui porte son nom (oui on sait) mais on l’appelle aussi Signalkuppe, 4554 mètres.
Bon c’est bien gentil tout ça mais le sommet bon sang c’est pour quand ?
On y arrive, et cette fois c’est de Zermatt que les vainqueurs s’élancent le 1er août 1855 pour gravir ce que l’on appelle encore à cette époque le Höchtse Spitze. C’est à dire la pointe la plus élevée. Nous retrouvons ici celui dont nous parlions dans un précédent article, Charles Hudson. Il est pour cette ascension accompagné de plusieurs autres Britanniques. Les frères C. et G. Smyth, J. Birkbeck, Stevenson. Plusieurs guides sont avec eux : Ulrich Lauener de Lauterbrunnen et trois autres guides des environs de Zermatt. Ils quittent l’hôtel sur le Ryffelberg vers 1 heure du matin et montent les pentes qui mènent au Riffel Horn avant de descendre vers le glacier du Gorner. Ils suivent la route suivie par les précédentes cordées car c’est la cinquième tentative depuis l’an passé, mais à partir de là deux possibilités s’offrent à eux. L’une choisie invariablement par les guides vise l’arête entre la Nordend et la Höchtse Spitze, l’autre prend directement par la face ouest de la Höchtse Spitze. Une fois de plus Hudson montre son caractère décidé. Laissons le raconter.
« Aucun de ceux qui ont emprunté le premier itinéraire n’a pu dépasser un point qui est encore à quelques mètres du sommet réel. Jusqu’alors le second itinéraire, par la face, n’avait jamais été tenté, mais nous sommes quelques uns, bien décidés à y tracer une nouvelle voie. Dans ce but C. Smyth et moi nous partons en tête sans même en avoir discuté avec les guides. Cette tactique réussit parfaitement car les guides nous ont suivi machinalement sans émettre la moindre objection. Bientôt nous arrivons au pied d’une arête de neige raide et assez étroite sur laquelle Lauener s’engage le premier ; il se sert adroitement de sa hache pour tailler des marches grâce auxquelles nous pouvons monter facilement. L’un des guides de Birkbeck ne se sent pas bien, souffrant du froid dans ce passage exposé. Nous le prions de redescendre avant d’avoir un malaise. En haut de cette pente, nous nous arrêtons sous les rochers, pour frotter énergiquement avec de la neige les mains et les pieds des plus éprouvés. Au bout d’une heure toute la bande s’est remise en route. Après avoir monté dans des marches une longue et raide pente de neige dure, nous arrivons au début d’une arête étroite de rochers brisés, qui aboutit à la cime. Pour traverser cette ultime arête il faut une tête solide et un pied sûr, car elle est faite de blocs instables et partiellement couverts de neige, et ses flancs sont des précipices de plusieurs centaines de pieds. Ceux des membres de notre équipe qui ont aussi escaladé le Mont Blanc considèrent le Mont Rose de loin le plus difficile des deux. Nous admirons le merveilleux panorama qui s’étend à nos pieds »*.
Pour en terminer sur cette histoire notons que la pointe Dufour reçut ce nom à la suite d’une décision du conseil fédéral le 28 janvier 1863 en l’honneur de Guillaume-Henri Dufour général de l’armée Suisse et père de la carte topographique de son pays.
* Tiré du livre écrit par C. Hudson et E.S. Kennedy "Où il y a une volonté, il y a un chemin", éditions de Belledonne, 2000. Traduit de la deuxième édition originale "Where there is a will, there is a way", 1856
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