Une bien belle semaine entre Chamonix et Zermatt avec un bon groupe, des conditions encore très bonnes, et une expérience initiatique pour certains...
Une fois n'est pas coutume, nous avions accepté l'inscription de personnes débutant l'activité de ski de randonnée. Cela restait osé (même si c'est une pratique que nous observons régulièrement sur cet itinéraire), mais des personnes jeunes, bons skieurs et en pleine forme nous paraissaient raisonnablement pouvoir faire ce raid célèbre.
De plus, pour mettre toutes les chances du côté des participants, nous étions 2 guides à encadrer ce raid pour 7 participants. Enfin la première journée prévoyait une vraie initiation, ou rappel des bases pour les autres participants, dans le secteur d'Argentière, avec l'apprentissage du matériel et des conversions (toujours fatiguantes pour un non initié), du sens de la glisse à la montée, et les exercices nécessaires de recherche de victimes d'avalanches.
Ce fut donc d'abord une avalanche de conseils pour nos participants, qui ont très bien digérés les leçons : on pouvait rapidement les voir évoluer mieux que d'autres groupes, présumés expérimentés.
27 mars : Argentière. Le refuge a été refait, un peu de bric et de broc (le chantier n'est pas tout a fait fini), et les règles de vie en refuge, pas toujours logiques ici, l'univers de promiscuité mettent tout de suite nos compagnons dans l'ambiance... L'accueil reste très convivial, et la cuisine inespérée en ces lieux.
Dehors, il neige. Ce temps médiocre nous suivra presque chaque jour pendant les 4 premiers jours, donnant au séjour 2 chapitres bien distincts : les transitions et journées de neige du début, puis les belles envolées lumineuses entre les Dix et Zermatt pour finir en beauté.
28 mars : journée technique, avec le passage du Passon et du col du Tour. Cela met tout le monde dans l'ambiance dès le départ. Le temps est maussade mais assez ouvert, nous aurons même un peu de soleil à la fin. Plusieurs passages nous demandent de porter les skis sur les sacs, parfois de mettre les crampons. Cet aspect technique, et si peu de moments pour apprécier une descente (c'est une traversée glaciaire sans vraie descente) fatiguent certains, mais tout le monde est assez enthousiasmé par les lieux et les manipulations nécessaires.
Nous sommes satisfaits avec Pierre d'être 2 pour encadrer à ce moment précis : nous séparant souvent pour qu'un "aille voir plus loin comment c'est" ou bien sécurise un passage pendant que l'autre s'occupe du groupe, avec une attention particulière pour nos débutants qui ne le sont déjà plus!
Nous choisissons - curieux de nature!- de franchir le col du Tour (tout le monde allant au col supérieur du Tour, plus facile mais plus haut), pour un petit passage glacé de caractère dans une belle solitude... Quelques virages et c'est enfin la cabane de Trient, qui nous offre un accueil professionnel mais assez froid.
L'équipe s'entend bien, mais Claire se plaint des pieds depuis quelques temps. Vue sa motivation légendaire au dire de ses amis, cela n'est pas rassurant.
29 mars : il fait beau aujourd'hui, et c'est tant mieux car la journée sera ponctuée de 2 belles descentes.Nous passons d'abord la fenêtre des Ecandies, dans un superbe environnement de granit lèché par les premiers rayons du soleil. Les sommets du Valais, Weisshorn, Grand Combin, Dent Blanche, apparaissent enfin. Depuis le départ du refuge, Claire a mal. Probablement très mal! Le problème de louer son matériel, souvent la veille voire le matin même : c'est très aléatoire, car il est difficile (pour les loueurs, pour les guides) de se mettre à la place des participants. Et une fois louées, les chaussures partent pour 7 jours!
La descente n'est pas en conditions optimales, mais suffisament pour se faire plaisir. Nous rejoignons donc sans encombre les pistes de Champex, et la route : la partie Mont-Blanc est faite.
Nous ne sommes pas surpris, mais forcément déçus pour elle, lorsque Claire nous annonce qu'elle souhaite arrêter. Impossible de continuer dans ces conditions, et le mal est fait. Elle sautera dans le taxi pour Argentière, le coeur gros ; ce sera sans nul doute pour une autre fois ?
Après avoir refait le pique-nique version "saucisses de Champex" (nous étions partis avec 2 belles saucisses de Magland), nouveau départ depuis la station de Verbier, pour la 2ème partie de l'étape et du raid. C'est dans une belle ambiance que nous franchissons le col de la Chaux et le col de Momin, avec un pique-nique *** avec vue sur le Grand Combin. Les physiques commencent quand même à souffrir! Olivier, avec Philippe et Pierrick les plus expérimentés, mais aussi Audrey, notre surprise du jour (après 2 jours, le ski de randonnée n'a plus de secret pour elle...) atteignent le sommet de la Rosablanche (3336 m), tandis que Pierre, Nathalie, Valérie et Alexandre rejoignent d'un peu plus bas le refuge de Prafleuri. C'est une courte mais belle descente pour tout le monde, avec une petite neige poudreuse tombée la veille, bien agréable.
30 mars : journée "de transition" vers la cabane des Dix. Ce terme de "transition" porte à la plaisanterie, car aucune étape n'est vraiment facile sur la haute-route. L'étape PraFleuri - les Dix, relativement courte (5h), use généralement par les traversées à flanc éprouvantes pour traverser au dessus du lac des Dix.
Pourtant les conditions sont globalement très bonnes aujourd'hui : météo médiocre mais fraîcheur relative assurée, et une trace correcte.
Certains payent donc un peu l'enchaînement des 2 dernières longues journées. Nathalie et Valérie avaient fait notre boucle autour du Wildstrubel l'an passé, mais la haute-route est quand même une autre histoire! En tout cas elles ne bronchent pas malgré la fatigue : chapeau!
Les röstis de la cabane des Dix, et la bonne sieste de l'après-midi sont donc bienvenus au milieu du raid, surtout que le mauvais temps reste d'actualité à l'extérieur. Le gardien Pierre-Antoine nous gratifie d'un accueil royal! Nos voyageurs s'habituent aussi aux odeurs caractéristiques des dortoirs de refuges, entre le poney et le fond de cage de hamster...
31 mars : Traversée du Pigne d'Arolla. C'est une étape à ne pas rater, avec le sommet le plus haut de la haute-route : Pigne d'Arolla, 3790 m. On sent dès le matin que le repos de la veille a fait du bien! Et la trace est vraiment excellente, dans une neige froide compactée. Nous nous élevons assez rapidement jusqu'à rencontrer le soleil vers 3400 m au col de la Serpentine. Première vue également sur le Cervin, ça commence à sentir l'écurie!Le passage de la Serpentine est en conditions exceptionnelles : alors que souvent nous devons porter les skis sur le sac, nous encorder et mettre les crampons pour passer cette bosse glaciaire caractéristique, nous montons facilement aujourd'hui, 2 conversions, sans même mettre les couteaux.
Bien sûr on sent la fin de la montée dans les jambes pour finir l'ascension du Pigne, toujours un peu longue, mais la vue du sommet vaut le détour.
Et la descente! Alors qu'assez souvent la neige chauffe trop vite et ne permet pas de faire du très grand ski sur le versant sud du Pigne d'Arolla, ce jour là nous aurons des conditions idéales : une petite neige poudreuse sur un fond ferme. Attention toutefois en cherchant des espaces vierges de ne pas tomber dans une crevasse : un client d'un collègue aura ce privilège, heureusement sorti sans gravité après quelques mètres de chute.
Puis aux Vignettes, röstis, sieste, soupe, nuit : le rythme du raid à skis.
1er avril : ce n'est pas une blague, il fait beau. Etape traditionnelle entre les Vignettes et la cabane Bertol, refuge mythique des Alpes. Nous ne nous pressons pas, beaucoup de groupes doivent rejoindre Zermatt le jour même (col du Mont Brûlé, col de Valpelline), mais nous n'aimons pas cette option stressante, et nous ne saurions nous priver d'aller rendre visite à Anne-Marie dans son nid d'Aigle.
Nous réalisons une belle descente du col de l'Evêque : poudreuse par endroit, dans un cadre fantastique. Puis trop rapidement il faut remettre les peaux, pour entamer une longue remontée, que nous savons souvent "plombée" par le soleil.Le pique-nique (avec un fromage suisse sans nom, curieux. Probablement utile pour caler des meubles ?) coupe bien la montée, et nous refaisons avec Pierre une trace moins raide, moins fatiguante. Les échelles pour rejoindre Bertol donnent un peu d'intérêt à la fin du parcours relativement monotone, nous encordons ceux qui le souhaitent.
Bertol : dernière cabane, la plus haute de la haute-route, la plus caractéristique. La dernière soirée d'un raid qui laisse des souvenirs pour toute une vie. Dans tous les groupes, la soirée est festive, avec génépi, grôle et vin du Valais au programme...
2 avril : Tête Blanche de Bertol et Zermatt. Une montée lente sur une trace refaite pour économiser jusqu'au bout les physiques, et rapidement la vue s'élargit sur la vallée de Zermatt. Le Cervin, la Dent d'Hérens et la dent Blanche sont tout proches. Séance photo au sommet, dont nous profitons bien sous un soleil radieux.
Et enfin cette dernière descente de plus de 2000 m, avec des conditions très favorables : neige encore un peu poudreuse dans le haut, et plus bas nous recherchons et trouvons la neige de printemps pour de belles arabesques.
Enfin une trace directe sous le Cervin nous permet de profiter de vues glaciaires sans pareil, avant de rejoindre les pistes de Zermatt pour un dernier repas bien mérité. Alexandre nous laisse hilares avec ses imitations de scènes bien connues des "Visiteurs", mais il faut commencer à penser au retour : la traversée à pied de Zermatt, les véhicules venus nous chercher à Täsch, et enfin le tri du matériel et la séparation à Argentière.
Un grand merci pour la bonne humeur et l'écoute attentive du groupe qui a permis de réaliser sans fautes ce séjour célèbre ; à très vite pour d'autres traces!
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